La fée sonore : amener la musique en milieu rural

Isabelle FLEURY est fondatrice et salariée de l’association La fée sonore. C’est au sein de la Paysagerie en caux qu’elle nous accueille pour parler de la culture et plus particulièrement de la musique en milieu rural.

Depuis quand La fée sonore existe-elle ?

Isabelle : Depuis 2017. J’ai une formation de chargée de communication donc, au départ, c’était pour répondre aux demandes d’ami(es) musicien(nes) : visuels, communication de dates… Puis on a commencé à les accompagner dans la vente de leurs concerts.

La fée sonore a trois missions : l’accompagnement de groupes, les prestations techniques et l’organisation de concerts notamment en milieu rural. Ce dernier point te tient à cœur ?

Isabelle : C’est vrai qu’on aime particulièrement travailler en milieu rural. Ou, en tout cas, dans des endroits qui ne sont pas forcément faits pour accueillir des spectacles. On trouve que c’est original et stimulant. Il y a une volonté de proximité aussi. Le fait de ne pas être dans une grande ville réduit les possibilités d’expression et de diffusion. Donc c’est intéressant d’aller dans ce sens pour multiplier les projets.

Quelles en sont les particularités ?

Isabelle : Dans une salle équipée pour recevoir un concert, c’est plus « facile » que quand on arrive dans un endroit qui n’a pas de matériel dédié à la pratique artistique. Cela veut dire qu’il faut anticiper, ramener l’équipement nécessaire, s’adapter à la taille de la salle ou à l’espace public… Il y a pleins de notions techniques importantes qui nécessitent plus de temps et d’investissements. Dans un milieu dense, c’est également plus « facile » de faire connaitre un spectacle et d’amener le public car il y a du monde sur place. Lorsque nous sommes en campagne, ou dans des lieux plus isolés, il faut faire preuve d’imagination supplémentaire pour communiquer et provoquer cette rencontre.

Dans le cadre de notre programme d’animations, nous coorganisons les Concerts YN’Patrimoine. Comment est née cette collaboration ?

Isabelle : Elle est née d’une volonté conjointe. Celle d’Yvetot Normandie Tourisme d’ouvrir au public des lieux patrimoniaux méconnus du territoire. Et celle de La fée sonore d’investir certains lieux et de permettre à des artistes locaux de s’y produire. Ce qui a provoqué une discussion et on s’est aperçu que ce genre d’événements pouvait cocher pas mal de cases dans les objectifs de chacun. A savoir : mélanger les publics, sublimer les lieux par la musique et créer des moments conviviaux.

Comment les artistes sont-ils choisis ?

Isabelle : Par rapport aux Concerts Yn’Patrimoine, on les choisit en fonction du lieu. On va se projeter, se demander si ça peut matcher sans pour autant programmer un style qui serait attendu. Par exemple, à l’Assemblaye (EHPAD des Dames Blanches) nous avons fait venir Claire, une chanteuse aux textes engagés et au style pop/urbain qu’on ne s’attend pas forcément à voir dans une ancienne chapelle ou en tout cas dans une maison de retraite. Et pourtant, cela a fait sens et les retours ont été très positifs !

As-tu une anecdote à nous partager ?

Isabelle : En 2022, à l’église de Mont de l’If (Saint-Martin de l’If) avec le groupe Huit Nuits. Quand ils ont demandé au public de chanter, il s’est passé quelque chose. C’est difficile à expliquer avec des mots. Il y a eu une certaine émotion, quelque chose de l’ordre de la communion. Pourquoi est-ce plus notable là, que dans une salle de concert ? Je ne sais pas. Peut-être le côté église, le côté sacré.

La fée sonore organise d’autres événements pour amener la musique en milieu rural. Lesquels ?

Isabelle : C’est vrai qu’aujourd’hui on a encore plus envie d’aller sur ce terrain-là. On a, par exemple, les Apéro-concerts à la Chartrie d’Ecretteville-lès-Baons. Ce sont des moments conviviaux, en fin de journée, où on vient boire un verre entre amis et découvrir des artistes avec une identité propre.

Si tu devais décrire l’offre culturelle locale en trois adjectifs, ce serait… ?

Isabelle : Plutôt des noms : la galerie Duchamp, la médiathèque intercommunale et le Manoir du Catel. Plus globalement, je dirai que l’offre culturelle sur le territoire est en expansion.

Retrouvez cette interview, ainsi que d’autres interviews d’acteurs locaux, dans notre magazine de destination n°2.

Article publié le mardi 28 mai 2024